Madeleine Calafell
Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2020, monitrice de l'atelier céramique Claude Dumas depuis Octobre 2017 et lauréate du prix sculpture Joseph Epstein en 2021, Madeleine Calafell enseigne dans le cadre de la Nouvelle Académie des Amateurs.
Le monde de Madeleine Calafell provient des allégories qu’elle a pu rencontrer dans les paysages et l’imaginaire social africain où la nature est souvent déifiée. A partir de son vécu en Afrique (Côte d'Ivoire et Maroc), l'artiste crée des dessins et sculptures en s'inspirant de souvenirs esquissés, d'Alpha Blondy, Die Antwoord, Kader Attia, William Kentridge, Roger Ballen, de la fantaisie aussi triste que joyeuse des fanfares, des codes post-esclavage, de la décolonisation, du mouvement ZEF et de l’apartheid.
En passant par la réflexion et l'imagination, Madeleine Calafell invite à apprendre les bases nécessaires théoriques et les différents procédés techniques pour réaliser une pièce céramique
Originaire de Côte d’Ivoire, ayant passé la fin de son enfance et son adolescence au Maroc, Madeleine Calafell vit maintenant en France où elle a obtenu son DNSAP aux Beaux-Arts en 2020. La jeune artiste tisse des liens entre ces trois pays en appro- fondissant la culture africaine qui lui est chère. Elle associe souvent des archives historiques à ses impressions personnelles. Elle a commencé d’abord par le dessin, avant d’aborder le volume, développant dans l’atelier d’Hélène Delprat une prédi- lection pour la sculpture et l’installation. Sa pratique actuelle de la céramique la rapproche en pensée du rôle social et mystique particulier qu’occupent les arti- sans de la terre dans la société ivoirienne, les potiers entretenant en effet un lien intangible entre les forces de la nature et leur propre corps, ce qui leur confère une autorité écologique prééminente.
Dans l’imaginaire social africain, la nature est souvent déifiée. Madeleine Calafell s’inspire des paysages de sa jeunesse, mais trouve aussi des références essentielles dans l’art africain contemporain. Elle apprécie certains artistes ivoiriens tels que le sculpteur Jems Koko Bi avec ses grandes sculptures figuratives en bois brut, ou bien encore le photographe Haron Doris Kasco, pour sa célèbre série sur les « fous d’Abidjan ». Son installation de Becs de Calaos, toute en profusion de couleurs, fait référence à la mythologie des Senoufos selon laquelle cet oiseau serait porteur de fertilité et de protection du foyer. Madeleine s’est souvenu de leur chant lorsqu’elle a réalisé cet ensemble saisissant. Chaque « Bec » constitue pour elle une sorte de pro- thèse métaphorique et incantatoire en faveur d’une mémoire humaine oralement transmise, qui puisse devenir, grâce à sa « durabilité céramique », un possible anti- dote à l’obsolescence programmée des outils numériques qui nous gouvernent… FB